Séminaire : Subjectivité du croire, communauté des pratiques, publicité du religieux

Peut-on dissocier les croyances des pratiques religieuses ? Peut-on pratiquer sans croire ou croire sans pratiquer ? À quoi renvoient les concepts de « croire », de « croyance », et celui de « pratique » ? Y’a t’il plusieurs formes de « croire » ? S’il existe plusieurs formes de croire, quelle conséquence cela peut-il avoir sur la pratique religieuse ? Comment définir ce qu’est une « croyance » ? Le concept de « croire » implique t’il une adhésion à une signification explicite ou implicite d’un rite quelconque ? Peut-on dissocier les croyances culturelles, des croyances traditionnelles et ou encore religieuses ? Comment peut-on analyser le rapport sujet-communauté-espace public par rapport à ces thématiques ? Voici diverses questions sur lesquelles nous confronterons la littérature scientifique existante à nos propres travaux de recherches, en analysant les différentes dimensions du « croire » et de la « pratique » dans les terrains d’intérêts des chercheurs postdoctorants du GSRL, tout en interrogeant également les diverses définitions auxquelles renvoient ces deux concepts au sein des aires culturelles étudiées. Dans la mesure où le fait de « croire » relève (ou pas) de l’expérience subjective de celui qui croit, tenter de définir les concepts de « croyances » et de « pratiques » nous pousse ainsi à se confronter à d’autres notions clés, comme celle de l’individu, du groupe ou de la communauté : est-ce la communauté qui valide une forme de « croire » ? Quelle place donner à l’individu et à la subjectivité pour appréhender les notions de croyances et de pratiques ? Quel espace la communauté politique peut-elle attribuer à la dimension individuelle et collective du croire ? Que se passe-t-il quand les obligations de conscience du croyant et les devoirs du citoyen entrent en conflit ? Quelles sont les formes communautaires dans lesquelles s’inscrit la dimension à la fois privée, intime et publique du croire ? La discussion sur cette oscillation entre intime et publique, au prisme des notions de croire et croyance, nous permettra aussi d’aborder le débat autour du positionnement du chercheur dans son terrain, qui a vu les auteurs s’exprimer dans des directions opposées et parfois extrêmes, entre distance et engagement. Afin d’éclairer ces diverses problématiques à la lumière de nos travaux respectifs, nous organisons des ateliers qui prévoient, dans chaque séance, une courte présentation des travaux par deux ou trois chercheurs (10-15 minutes maximum chacun), et un débat qui enrichira notre parcours commun, en préparation d’un colloque en automne 2016 (18-19 octobre), et d’une publication des résultats de ce cheminement.   Quelques références bibliographiques   Belmont, Nicole, 1973, « Fonction de la croyance », L’Homme, T. 13, n°3, p. 72-81. Bourdieu, Pierre, 1987, « Sociologues de la croyance et croyances de sociologues », Archives de sciences sociales des religions, n°63.1. Numéro du Trentenaire : Les Sciences Sociales des Religions aujourd’hui : jalons et questions, p. 155-161. Caillé, Alain (sous la direction de), 2012, Qu'est-ce que le religieux ? Religion et politique, La Découverte, Paris. Campiche, Roland J., 1993, « Individualisation du croire et recomposition de la religion », Archives de sciences sociales des religions, n°81, p. 117-131. Favret-Saada, Jeanne, « Être affecté », Gradhiva, 1990, n° 8, p. 3-10. Leclerc, Gérard, 1996, Histoire de l’autorité : l’assignation des énoncés culturels et la généalogie de la croyance, Les Presses universitaires de France. Willaime, Jean-Paul, 1993, « Le croire, l’acteur et le chercheur : Introduction au dossier ‘Croire et modernité’ », Archives de sciences sociales des religions, n°81, p. 7-16. Wirth, Jean, 1983, « La naissance du concept de croyances (XIIe – XVIIe siècles), Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, T. 45, n°1, p. 7-58. Wolterstorff, Nicholas, 2010, Practices of belief : selected essays, edited by Terence Cuneo, volume 2, Cambridge University Press, New York.   Dates et titres des interventions   5 février Julie Remoiville, Pratiques et croyances religieuses dans le contexte chinois ; Detelina Tocheva Le religieux en entreprise. Le cas du christianisme orthodoxe et de l'islam dans les économies postsocialistes en Bulgarie, Russie et République de Macédoine ; Chrystal Vanel Des rituels (de la liturgie ?) à défaut de doctrine ?   11 mars Alessandro Santagata La pratique des commons : le débat dans la théologie française après Vatican II ; Jonathan Richard Nouvelles pratiques et nouvelles religiosités aux sources du débat français sur la fabrique du vivre-ensemble ; Alfonsina Bellio Quand l’engagement affecte la recherche : formes extrêmes de positionnement ?   1 avril Michele Saporiti, « Quid est veritas?» : l'objection de conscience comme forme de témoignage ; Dorra Mameri Islam en France ou islam de France. Réflexion autour de concepts politiques. Alexandre Piettre Des mosquées dans la cité. Refaire communauté pour s'inscrire dans l'espace public ? Mathieu Gervais Pratiques agricoles et croyances religieuses : conceptualiser une articulation.  
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