10 mars 2020 – Séminaire de l’axe « Interactions et créativités religieuses : perspectives anthropologiques »

    Nous avons eu la joie d’accueillir Dr. Valeriya Gazizova (MIASU, Université de Cambridge) pour une séance intitulée :   ‘Secret Buddhism’ of the Soviet era and its representations in Kalmyk popular hagiography and visual art.  

Anthropologue, spécialiste du bouddhisme kalmouk, Valeriya Gazizova développe des recherches sur les évolutions contemporaines du bouddhisme en Kalmoukie (sud de la partie européenne de la Russie). Elle propose une anthropologie de l’art et du religieux, au croisement des thèmes de la mémoire, de l’histoire et de l’identité. Les productions de l’art visuel, telles que les peintures, ont commencé à représenter des figures et des objets abordant la question du bouddhisme local sous la domination soviétique. Durant cette période, le bouddhisme était fortement réprimé, conformément à l’idéologie athéiste du régime qui imposait, par la répression et l’éducation, une sécularisation forcée. C’est ainsi qu’a émergé un « bouddhisme secret », selon le nom qui lui est donné par la population locale. Des lamas respectés, détenteurs de savoirs spécifiques et secrets, ont été envoyés dans les camps du GOULAG, tandis que d’autres ne pouvaient exercer que de façon extrêmement discrète. Des objets sacrés ont été enterrés près des lieux saints. Cette période, avec ses personnages et ses objets, se trouve désormais représentée par des peintres, certains professionnels et installés à Moscou, d’autres autodidactes et moins connus. L’une des peintures que Valeriya Gazizova a montrées représente Staline en divinité protectrice courroucée, dansant sur le corps de Trotski, sous les regards de Lénine, Marx et Engels – le tout intégrant de nombreux référents bouddhiques. D’autres peintures représentent des lamas respectés, victimes des répressions, avec des attributs qui les inscrivent à la fois dans la construction d’une mémoire des répressions antireligieuses, mais aussi suggèrent leurs liens, avérés ou non, avec le bouddhisme tibétain. La discussion a permis de souligner la richesse de l’exposé, car une multitude de pistes s’ouvrent, tant pour explorer la production et la diffusion de cet art original que pour interroger les transformations du bouddhisme comme courant religieux. Nous remercions chaleureusement Valeriya Gazizova pour son passionnant exposé !

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